MONTMORENCY- LAVAL (de) Marie-Louise : la dernière Abbesse de Montmartre.
Née le 31 mars 1723 à Paris, elle est la fille de Guy-Claude-Roland de Montmorency, comte puis duc de Laval, maréchal de France et de Marie-Elisabeth de Rouvroy-Saint-Simon.
Elle devient abbesse de Montmartre, le 14 décembre 1760, succédant à Catherine de la Rochefoucauld, décédée le 9 septembre 1760. (1).
Elle conforte les relations de l’abbaye avec la cour en accueillant pour leur éducation des enfants de personnages important dont pendant 14 années, la duchesse de Chartres, Adélaïde, fille du Duc de Penthièvre (petit-fils en ligne bâtarde de Louis XIV et propriétaires des châteaux de Sceaux, Anet, Aumale, Dreux et Gisors.) qui se montre généreux en retour. Les appartements des bâtiments extérieurs au monastère sont habités par des personnes de qualité : la marquise de Saint-Simon, la comtesse de Choiseul, Mme D’aubigné, Melle de Médavy, fille du comte d’Osmont…
Portrait publié dans Le Vieux Montmartre, page 229 – Bulletin mensuel – 01/01/1924.
La dernière Abbesse de Montmartre – H.M. DELSART – 1921.
A cette époque, l’abbaye exerce les droits de haute, moyenne et basse justice à Paris, possède les seigneuries de Montmartre, Clignancourt et de plusieurs villes dont Bourg la Reine (Pour Bourg la Reine, le poteau de justice où étaient proclamées les sentences se trouvait sur l’actuelle place Condorcet) ainsi que différentes possessions, terres, maisons et fermes.
Bulletin de la Société d’Histoire de Paris et de L’Île-De-France, page 233 – 58ème année – 1931.
Le 2 novembre 1789, un premier décret de l’Assemblée Nationale mit les biens ecclésiastiques à la disposition de la nation. Un autre, le 13 novembre, obligeait les supérieurs de maisons et établissements ecclésiastique-. à faire, dans les deux mois qui devaient suivre la publication du décret, une déclaration détaillée de tous les biens mobiliers et immobiliers, des revenus et charges desdites maisons ou établissements. Enfin, le 13 février 1790, l’Assemblée vota le décret qui interdisait en France les voeux monastiques.
Un inventaire de l’Abbaye fut fait du 31 Mai 1790 au 2 Juillet 1790, par le maire Nicolas Desportes de Blinval, en présence de l’Abbesse Montmorency-Laval. Il y avait alors 28 sœurs de choeur et 21 soeurs converses; l’inventaire porte « 31 pièces de vin « crû de Montmartre ». Les religieuses sont expulsées le 19 Août 1792, et après leur départ, l’Abbaye fut mis à sac: c’est ce qui résulte du rapport de l’architecte Garai du 20 Pluviôse An 2, faisant suite au procès-verbal du 15 Août I793. La vente eut lieu le 25 Ventôse An II et la démolition aussitôt après pour ne laisser subsister que la vieille église St Pierre qui deviendra « Le Temple de la Raison ». (2).
Le 19 août 1792, les religieuses bénédictines de Montmartre reçurent l’ordre de quitter le monastère dans le délai de trois jours. Mme de Montmorency-Laval, alors abbesse, se retira à Saint-Denis; puis, apprenant que des poursuites allaient être dirigées contre elle par le tribunal révolutionnaire, se cacha à « Franciade » (nom de Saint Denis pendant la Révolution), rue de la boulangerie, dans une maison appartenant au citoyen Pierre-Charles-Gabriel BEVILLE, ancien notaire et procureur-syndic de la ville.
21 floréal, an II (10 mai 1794), elle est arrêtée le et écrouée à la prison de Saint-Lazare où elle partagea sa captivité avec le poète André CHENIER. Parmi ses autres compagnons de détention, on distinguait le duc et la duchesse de Beauvilliers de Saint-Aignan, M. Albert de Bérulle, les comtes Gravier de Vergennes et de Mesnil-Durand; le fils du vicomte de Maillé, le comte et la comtesse de Flavigny, la baronne de Soyecourt, etc.
Le 6 thermidor, an II (24 juillet 1794), Mme de Montmorency-Laval comparait devant le tribunal révolutionnaire. Impotente et atteinte de surdité. Un juré fit remarquer à l’accusateur public Fouquier-Tinville la nécessité de changer ses griefs pour faire condamner l’abbesse, celui-ci répondit (à ce qu’on a rapporté à l’époque), par un atroce jeu de mots: « Et qu’importe qu’elle soit sourde? Elle aura conspiré sourdement, voilà tout: elle mérite la mort! ». Elle est portée et exécutée, le même jour…(3).
Acte d’accusation de Mme de Montmorency-Laval par Antoine Fouquier-Tinville – Le Vieux Montmartre, page 230 – Bulletin mensuel – 01/01/1924.
Appel des dernières victimes de la Terreur à la prison Saint-Lazare par Charles-Louis Lucien Müller. On peut voir le poète André Chénier au centre du tableau et la religieuse au 1er plan à gauche est peut-être Marie-Louise de Montmorency-Laval.
Description de cette journée d’attente avant l’exécution – « Stello ou Les diables bleus » – Alfred de Vigny.
Le Vieux Montmartre, page 230 – Bulletin mensuel – 01/01/1924.
Elle repose dans le cimetière de Picpus avec les 1305 autres victimes guillotinées : leurs noms sont gravés sur deux plaques de marbre accrochées près du choeur de la chapelle.
Liste des 1306 victimes de la Terreur dans la chapelle du cimetière de Picpus.
Elle est la marraine de la cloche la plus ancienne de l’église Saint-Gilles de BOURG LA REINE (Hauts de Seine).
Les Cloches de l’église Saint-Gilles de BOURG LA REINE – Père Yvon AYBRAM et Régis SINGER.
Philippe CHAPLAIN, 2024 12 23.
1 Bulletin de la Société d’Histoire de Paris et de L’Ile-De-France, page 233, 58ème année, 1931.
2 Le Vieux Montmartre, 6 avril 1923.
3 Le Vieux Montmartre, 1er janvier 1895, page 159.