Les premiers monuments religieux de SAÏGON – HÔ CHI MINH VILLE (1859-1880).
La Première église de SAÏGON / Nhà thờ đầu tiên của Sài Gòn.
« Province de Gia Dinh, 14e année de Gia Long, 12e mois, premier jour du quatrième mois, l’inspecteur en chef de la ville prépare et dessine respectueusement la carte. Le 4e jour du 12e mois de la 14e année de Gia Long (1815).» / « Tỉnh Gia Định, năm Gia Long thứ 14, tháng 12, ngày 1 tháng 4, Chánh Thanh tra thành phố kính cẩn chuẩn bị và vẽ bản đồ. Vào ngày 4 tháng 12 năm Gia Long thứ 14 (1815).» – Trần Văn Học
Musée d’Hô Chi Minh Ville / Bảo tàng Thành phố Hồ Chí Minh.
Une copie (incomplète) de la carte précédente – « Interprétation d’une ancienne carte de Saigon », Thái Văn Kiểm, Bulletin de la Société des Études Indochinoises, Tome XXXVII, nouvelle série, N° 4, 1962.
Après la prise de la citadelle (Thành Sài Gòn ou Định de Thành), le 17/02/1859, par le vice-amiral Charles RIGAULT DE GENOUILLY, les chrétiens se regroupent sous l’autorité de Monseigneur Dominique LEFEBVRE, premier vicaire apostolique de la Cochinchine, et se placent sous la protection des troupes militaires qui occupent la ville. Celles-ci, commandées par le capitaine de frégate Jean Bernardin (dit Bernard) JAUREGUIBERRY, sont alors stationnées, près du fort du sud qu’on fait consolider et réarmer. Cette Mission catholique est appelée « Village de l’évêque ». (1).
Une vue partielle de l‘agglomération de Saigon, à l’arrivée des troupes françaises.
L’Illustration : journal universel. 1859-04-23, page 264. N°843, volume XXXIII.
Le vice-amiral Léonard Victor Joseph CHARNER apporte quelques informations sur la position des troupes qui restèrent pour défendre la ville et sur celle de la population sous leur protection : « …La ville de Saigon que nous occupons en Cochinchine, était restée sous la garde d’un petit nombre de défenseurs. Retranchés dans l’enceinte de la ville et dans quelques positions extérieures … ». (2).
Etat des fortifications et des bâtiments de la citadelle de Saigon, après le 8 mars 1859…, Commandant DUPRE-DEROULEDE publié dans Elément d’une monographie des anciennes fortifications et citadelles de Saigon,
Louis MALLERET, Bulletin de la Société des Etudes Indochinoises, Tome X, nouvelle série N° 4, 1935.
L’édification de cette première église, sous la direction de Dominique LEFEBVRE, premier vicaire apostolique de la Cochinchine, débute dès les premiers mois de l’année 1859 : « …Les catholiques sont très nombreux ici et viennent de toutes parts. Mgr LEFEBVRE, évêque d’Isauropolis, premier vicaire apostolique de la Cochinchine, a commencé la construction d’une grande église à SAÏGON. Les matériaux sont apportés par les chrétiens qui font preuve d’autant de dévouement et d’industrie. Ce même prélat est également sur le point de construire une école et un hôpital… » (3).
Sa construction avance rapidement : « Les travaux de l’église construite à SAÏGON par les soins de Mgr LEFEBVRE, évêque d’Isauropolis, premier vicaire apostolique de La Cochinchine occidentale, avançaient rapidement. Cette église devrait être consacrée, le 15/08, jour de la fête de S. M. l’Empereur des Français (Napoléon III) et une grande solennité devait avoir lieu en cette occasion.». (4).
Elle est consacrée, le 15 août de cette même année, bien qu’elle ne soit pas encore achevée : « Une lettre du Cambodge nous apprend que le 15/08 la fête de S. M. l’Empereur des Français a été célébrée à Saigon avec une grande solennité. A cette occasion, la nouvelle église élevée par les soins de Mgr Lefebvre, évoque d’Isauropolis, a été consacrée, et l’office divin y a été célébré pour la première fois devant un nombre considérable de fidèles. Cet édifice n’est pas entièrement terminé mais en attendant, il peut servir aux cérémonies du culte… ». (5).
Un mois plus tard, sont publiées de nouvelles informations : « …Depuis l’ouverture de la nouvelle église construite par les soins de Mgr Lefebvre, on a créé à Saigon une école pour les indigènes qui y envoient leurs enfants; elle est très-fréquentée et tout fait espérer que son succès ira en augmentant… » (6).
Un renseignement fournit par le capitaine Louis de GRAMMONT précise son emplacement : « …Il faut cependant citer, mais en aval de Saigon, et presque en face le fort du sud, la petite église des missionnaires, au petit clocher carré, que l’on voit le long du fleuve… ». (7).
Une lettre de l’évêque Dominique LEFEBVRE, datée du 01/01/1861, énumère les édifices religieux pour l’année 1860 : « Dans la partie soumise aux Français, nous avons une église assez belle pour le pays et 3 chapelles provisoires en attendant qu’il soit possible de construire d’autres églises. On nous fait espérer que le Gouvernement Français ayant accepté officiellement l’établissement de la colonie nouvelle, fera construire une cathédrale et quelques églises ». (8).
On ne connait pas le nom du saint-patron de cette église ni sa durée. Construite en bois, elle a pu connaître le destin de ses voisins, les premiers abris militaires, dévorés par des fourmis blanches (termites). (9).
Localisation de l’église (en bas à droite), extrait de Plan de Saigon en 1860, corps expéditionnaire de l’Indochine, Le Faucheux. Ministère de la Marine. Copie à l’Université de Wisconsin à Milwauke, The American Geographical Society Library Digital Map Collection.
1 Lettre de Saigon du Capitaine DAIGRE (Louis, Emile Félix), datée du 1859/03/15, publiée dans La Gironde, 1859/05/19.
2 Lettre du Fort de Ki-Hoà, 1861/02/27, adressée au Ministre de la Marine et des Colonies, Rapports Officiels, publiée dans le bulletin de la Société des Etudes Indochinoises II, pages 27 à 33, Documents sur le Vieux Saigon, BOUCHOT Jean, 1927. Parmi les « positions extérieures », se trouvait l’ancien fort du sud, consolidé par le capitaine du Génie Jacques, Léon, GALLIMARD, situé à l’ancienne pointe des Flâneurs, quai de l’Yser. Ces renforts de protection sont appelés l’ouvrage neuf. (Note de l’auteur).
3 Le Pays : journal des volontés de la France, 1859/08/24, lettre reçue de Cochinchine datée du 1859/06/07. Cette même lettre est publiée le 26 suivant dans le Journal de Toulouse : politique et littéraire, 1959/08/26. On trouve à la date du 20 mai 1859, dans les Annales des Missions Etrangères de Paris, pour la ville de Saigon, la mention « Construction d’une grande église ». AMEP, table analytique 755-1, page 163, IRFA.
4 Le Pays : journal des volontés de la France, 1859/10/16, lettre reçue de Cochinchine, datée du 1859./07/27 Cette même lettre est publiée par La Gazette de France, 1859/10/24 et Le Courrier de l’Aude : journal politique, administratif, littéraire, commercial et agricole, 1859/10/29.
5 Le Pays : journal des volontés de la France, 1859/10/28.
6 Le Pays : journal des volontés de la France, 1859/11/28. Informations jusqu’au 1859/06/05.
7 Onze mois de sous-préfecture en Basse-Cochinchine, page 102, Lucien de GRAMMONT, capitaine au 44è de ligne, 1863.
8 Rapport annuel des Missions Etrangères, 1861 : Cochinchine occidentale, IRFA (Institut de recherche France-Asie).
9 De la mortalité des Européens en Cochinchine depuis la conquête jusqu’à nos jours, page 52, CANDE Jean-Baptiste, Médecin de 2ème classe de la Marine, Médecin Aide-Major, 1881.
Philippe CHAPLAIN – 2025 08 29
Documents supplémentaires.
« …Les An-namitains ont à Saigon un grand nombre de temples; les Chinois y ont deux pagodes, et les chrétiens, une église desservie par deux prêtres italiens qui y ont fait plusieurs prosélytes… » Dictionnaire géographique universel, contenant la description de tous les lieux du Globe intéressans sous le rapport de la géographie physique et politique. Tome 8 / , de l’histoire, de la statistique, du commerce, de l’industrie, etc., par une société de géographes.… page 724, 1823-1833.
« P.-S. Au moment de fermer ma lettre, je reçois une excellente nouvelle. Mgr Lefèvre, mon digne évêque, m’annonce qu’il vient de recevoir, par l’entremise des Conseils de l’OEuvre de la Propagation de la Foi, la somme de mille francs, comme don particulier envoyé à ma destination par M. le chanoine de la Croix, collecteur des aumônes pour le diocèse de Gand. Avec des encouragements de cette importance, la nouvelle église, dont je parlais tout-à-1’heure, sera entreprise sans retard. ». Annales de la propagation de la foi : recueil périodique des lettres des évêques et des missionnaires des missions des deux mondes, et de tous les documents relatifs aux missions et à l’Association de la propagation de la foi, pages 446 à 455, 1859 /01, Extrait d’une lettre de M. de Nève, missionnaire dans le Berrien-Counly, Etal du Michigan, à M. Fan Dorpe, curé de J Vaerschoot (Flandre orientale). St-Joseph, 1859/04/25
Philippe CHAPLAIN – 2025/08/29