René Roeckel :
Le devoir de mémoire
LE 3 DÉCEMBRE 1944, la ville de Bourg-la-Reine rend hommage
à trois de ses plus courageux citoyens, morts pour la libération
de leur pays, en donnant leurs noms à des rues de la commune
: Jean-Roger Thorelle (rue de la Madeleine), Paul- Henry Thilloy (rue
du Pont) et René Roeckel (rue du Chemin de Fer).
La Municipalité, soucieuse de perpétuer leur souvenir,
appose des plaques commémoratives dans la rue Jean- Roger-Thorelle,
le 5 novembre 1994, rue Paul-Henry-Thilloy, le 18 juin 1997 et rue René-Roeckel,
le 2 décembre 2006. René Roeckel - (1909 - 1944) René
Roeckel naît le 28 septembre 1909 à Zellenberg, en Alsace.
Après ses études au collège épiscopal de
Colmar, il arrive à Paris en 1929.
Sa maîtrise de la langue allemande lui permet d'être interprète
au Comptoir national d'escompte, puis il entre chez Philips comme comptable
et devient tourneu, à la Société d'outillage mécanique
et d'usinage (Somua). Il se marie à Bourg-la-Reine avec Armande
Nède, le 28 février 1931. Ils s'installent 22, avenue
Galois jusqu'en 1941, puis rue Henriette (actuelle rue René-Roeckel)
à Antony.
Il s'engage en politique et devient secrétaire de la section
communiste de Bourg-la-Reine. Il est mobilisé et envoyé
à Bordeaux, à la Somua, comme affecté spécial,
en 1939. Démobilisé en 1940, il rejoint en mai 1942, les
Ftpf (Francs tireurs et partisans français) au sein du détachement
Alsace-Lorraine, dirigé par le colonel Epstein.
De septembre 1942 à juin 1943, il est le commandant militaire
de la Région Sud de Paris. Puis, jusqu'à son arrestation,
il est nommé commandant militaire de la Rive Gauche de Paris.
Il dirige alors un groupe spécial composé de 120 hommes
qui participent à de nombreuses opérations contre les
forces d'occupation, avec notamment l'élimination du général
allemand responsable du camp de Drancy. Vêtu d'un uniforme allemand,
René Roeckel fait libérer des convois de prisonniers de
la prison de Fresnes.
Il obtient le grade de lieutenant qui sera officiellement homologué
par l'Armée en 1946. René Roeckel, dit Rajac, est arrêté
le 11 décembre 1943 à la gare d'Antony à la suite
d'une filature de plusieurs membres de son équipe. Le même
jour, sa femme Armande et son beau-frère, Raymond Nède,
sont appréhendés dans leur pavillon d'Antony. Déportée
à Ravensbrück puis à Mauthausen, Armande est évacuée
le 22 avril 1945 lors d'un échange avec des prisonniers allemands.
Son frère Raymond meurt à Mauthausen le 16 mars 1945.
Après son jugement à la prison de Fresnes, René
Roeckel est conduit le 24 mars 1944 au mont Valérien avec son
peloton. Il est fusillé en chantant la Marseillaise.
La veille, il écrivait une lettre d'adieu à ses proches
: « Nous vous quittons pleins d'espoir en un avenir meilleur et
radieux pour vous, et c'est la certitude d'y avoir contribué
qui nous réconforte par cette belle journée de printemps.»
La ville de Bourg-la-Reine donne son nom à l'ancienne voie du
Chemin de Fer, le 3 décembre 1944. « Mort pour la France
», il est inhumé au cimetière de Bourg-la-Reine,
le 21 juillet 1946.
Philippe CHAPLAIN, maire adjoint au Patrimoine.
Chaplainph@wanadoo.fr