Léon
AZEMA
«
L’Architecture est l’art de concevoir et de construire un
bâtiment selon des règles techniques et des canons esthétiques
déterminés ».
( Dictionnaire Larousse )
Léon Azéma est né le 20 Janvier
1888 à Alignan du Vent (Hérault). Ses parents, des viticulteurs
ruinés par le phylloxera, ne peuvent assumer ses études.
Il monte alors à Paris en 1902 et entre à l'Ecole Nationale
Supérieure des beaux arts comme apprenti. Il devient l’élève
de Gaston Redon, jusqu'en 1912, où il est appelé au service
militaire. Gravement blessé à Charleroi, il est fait prisonnier
et restera cinq ans en captivité. Son talent de dessinateur est
apprécié par ses geôliers qui lui fournissent, ainsi
qu’à ses amis, du papier et des crayons. Il commence alors
à songer au concours de Rome...
Il revient en france en 1919 et réintègre
l’Ecole des beaux-arts.
Léon Azema à la Villa Médicis
à Rome Il devient 1er Grand Prix de Rome en 1921 et part pour
la Villa Médicis. Il participe au concours international pour
la construction du Palais de Justice du Caire : il sera le 1er lauréat
(Il n'y aura pas de 2ème et de 3ème prix tant sa conception
était originale et avant-gardiste). C'est actuellement un des
monuments les mieux préservés du Caire. Il construira
également plusieurs bâtiments à Alexandrie dont
le Collège des Ecoles Chrétiennes et le Collège
Saint Marc. En 1922, il présente un projet de reconstruction
du Labyrinthe de Thèbes (Karnak), une citée de temples
dédiée à la triade thébaine de Amon, Mout
et Khonsou, construite sur 81 hectares et agrandie pendant 1 300 années.
L’ossuaire de Douaumont
Après 3 années passées à
Rome, il rentre à Paris et devient professeur aux beaux-arts.
En 1923, il participe au concours pour le monument aux morts de Douaumont
et sera une fois encore le 1er lauréat. Cette construction qui
sera achevée en 1932, donnera des sueurs froides aux ingénieurs,
persuadés qu'il était impossible d'en assurer la stabilité.
Sa conception exigera une épure, pierre par pierre, épousant
par la même les techniques de l'art Roman dont Azema était
un grand admirateur.
Il fera souvent le trajet de Paris à Douaumont
en Harley-Davidson pour aller visiter son chantier. Il gardera cette
habitude tout au long de sa carrière !
Léon Azema, architecte de la Ville de Paris
Nommé architecte de la Ville de Paris, chargé
des promenades et des expositions, il commence à partir de 1928,
les études pour la restauration du Parc de Sceaux. On lui doit
notamment en 1932, l'édification des façades du Pavillon
de Hanovre, provenant du jardin de l'hôtel du Maréchal,
boulevard des Italiens et la reconstruction en 1934-1935, des cascades
de Le Nôtre, détruites sous la Révolution.
A Paris, il créé les squares de la ceinture verte ainsi
que celui de Saint Julien le Pauvre (1930-1935) et les terrains de sport
de l'ASPS, en 1937. En 1938, il commencera le Parc de la Butte du Chapeau
Rouge à Paris XIXe, qui sera terminé par son fils Jean.
Entre 1933 et 1935, il édifie l'église
Saint Antoine de Padoue à Paris XVe. Avec cette réalisation
et celle de Douaumont, il montre qu'il est un des rares architectes
français sensible à l'expressionnisme.
Dans le même arrondissement que l’église
Saint Antoine de Padoue, il réalise pour le Parc des Expositions
de la Porte de Versailles, des bâtiments administratifs, le service
médical et en 1937, avec Louis-Hippolyte Boileau, l'entrée
du Parc.
A l'Exposition Universelle de Bruxelles de 1935, il
dessine le Pavillon de la Ville de Paris, œuvre qu'il aimera entre
toutes avec Douaumont.
Associé à M. Mantout, il réalise en 1936, l'hôpital
Franco-Musulman (Avicenne) de Bobigny.
Lors de l'Exposition Universelle de Paris de 1937,
Il fait le concours pour la construction et la réhabilitation
du palais de Chaillot, qu'il remporte avec Jacques Carlu et Boileau.
Il impose Janniot comme sculpteur pour la décoration des bassins
et pour la façade du musée permanent des Colonies.
Inauguré en 1937, il abritera les musées de l'Homme, de
la Marine et des Monuments Français. Cette œuvre est le
symbole du goût des années 30 pour le néoclassicisme
monumental.
Ses imposantes dimensions restent néanmoins harmonieuses et discrètes.
Le monument épouse les contours de la colline de Chaillot au
lieu de la dominer brutalement.
Léon Azema, architecte des Postes
Professeur à l'Ecole Supérieure des PTT,
Il est nommé architecte des Postes, au Cadre de Paris, le 8 août
1928. Il crée le musée du timbre à Paris ainsi
que nombreux centres postaux : Paris 1er en 1933, Paris Ve en 1933,
Paris VIIIe , le centre de tri de Paris Saint-Lazare en 1938, le Central
Roquette Voltaire, Paris XXe puis dans toute la France : Vichy en 1935,
Bagneux, le Centre National d'Etudes des Télécommunications
en 1937, Argenteuil en 1940, Garches en 1941, Marseille en 1959, Strasbourg
, le Centre de chèques et le Central Téléphonique
en 1961, Charleville, Malesherbes, Chaumont, la gare de Troyes, un château
d'eau à Bordeaux. Il termine sa carrière aux Postes, le
31 décembre 1953.
Léon Azema, architecte de l’ORTF
Devenu architecte de l'O.R.T.F, il crée tous
les émetteurs ondes longues et ondes courtes réalisés
en France et notamment le Centre émetteur d'Allouis en 1936.
A 65 ans, Il fait le concours de la Maison de la Radio à Paris
XVIe. Il montre une énergie peu commune pour ce nouveau défi.
Il dessine le plan tel qu'elle sera construite mais ses associés
ne le suivront pas dans sa conception et la réalisation lui échappera,
il sera simple collaborateur
La construction du Centre émetteur d’Allouis
Conclusion
Il aura la charge de la restauration de l'Hôtel
des monnaies Quai Conti jusqu'en 1978.
Jusqu'à la fin, il continuera à peindre
et à dessiner. Il se tiendra très au courant des découvertes
scientifiques et sera fasciné par le voyage de Gagarine. Il fera
à cette occasion de nombreuses pochades sur la lune.
Il a conçu sa villa de Sainte-Maxime sur Mer
(dont l'originalité fera se déplacer de nombreux architectes
européens) ainsi que sa maison de Bourg-la-Reine (4 avenue Aristide
Briand) où il résidait depuis 1939. Il est mort à
Epernay le 1er mars 1978 et inhumé à Bourg-la-Reine le
8 mars suivant. Fervent admirateur de l'acteur Gérard Philippe,
il avait souhaité, comme lui, avoir un lierre sur sa sépulture
: " Je meurs où je m'attache " . C'est chose faite
aujourd'hui…
Telle fut la vie d'un homme qui demeura très
simple et refusa les honneurs. Seules l'architecture et la peinture
le passionneront. Tout au long de son existence, il associa à
la maîtrise de son art, la volonté d'offrir un patrimoine
de qualité aux générations futures.
Philippe CHAPLAIN
Chaplainph@wanadoo.fr
|